Fin septembre dernier, les activités et expositions ont repris en grande pompe au Carreau du Temple à Paris. Et pour cause, le Food Temple, un festival culinaire incontournable, attire depuis quatre ans des milliers de visiteurs, curieux ou passionnés de cuisines venant des quatre coins du monde. Le programme, étalé sur trois jours, a permis aux visiteurs de découvrir de nouvelles saveurs au détour des comptoirs de restauration, des ateliers culinaires et des dégustations. Entre les masterclass, les conférences débat ou encore les projections de documentaires bordant un marché de produits bien garni, comment ne pas (re)tomber amoureux des cuisines d’Afrique ?
En effet, cette année et pour la première fois, le festival s’est mis aux couleurs du continent. Une grande surprise et un pari risqué, quand on sait que suite à la crise sanitaire et économique liée au coronavirus, de nombreux événements ont été annulés ou reportés à 2021. Néanmoins, ce sont plus de 7500 visiteurs qui sont partis à la rencontre des chefs, entrepreneurs et acteurs de l’Afrofood en France exposant durant ce week-end.
- L’équipe d’Afro Cooking était également sur place, et voici nos impressions :
Si certains chefs africains ne sont plus à présenter, comme Le Chef Anto, Georgiana Viou, Rougui Dia, Christian Abégan, Alexandre Bella Ola, nous étions ravis de découvrir de nouveaux talents de tous horizons. Du chef mauritanien Harouna Sow, soutenu par le Refugee Food Festival, et qui nous a mis l’eau à la bouche avec son Mbouraké Coco, à Pierre Siewe, Camerounais chef du restaurant le Garde Temps à Paris, en passant par Clarence Kopogo, cheffe centrafricaine à l’origine du concept Kuti Food, la promesse du voyage culinaire a été tenue.
Hormis les marques classiques de boissons, de confitures ou d’épicerie fine africaines, certaines sont vraiment sorties du lot, notamment par le caractère exceptionnel de leurs produits. Parmi elles : « Wax on the Table » une marque qui allie porcelaine de Limoges et wax, « Saargale » de Adama Paris avec son mobilier mariant design et art ouest-africain, « Teaways Ataya », dont la machine à thé produit une mousse comme au bled, mais en moins de 30 secondes, ou encore MonKadi.com, un service de livraison à domicile de produits alimentaires afro.
Deux associations solidaires africaines étaient également présentes pour exposer leur marque. L’une, Tutti Afri, basée à Paris, fait la promotion de créateurs et d’artistes africains au service de la culture. L’autre, Iwora Collection, propose des accessoires de cuisine réalisés à Libreville, au Gabon, par l’Association Action Sociale Dorcas qui forme chaque année gratuitement des jeunes filles déscolarisées en vue de leur autonomie via des cours d’alphabétisation et de couture.
Il faut également féliciter les équipes de communication et d’organisation du Food Temple qui, en collaboration avec la Maison de l’Afrique et le CPA (Conseil Présidentiel pour l’Afrique), ont tout de même réussi en peu de temps et malgré le contexte, à convaincre le public de faire le déplacement. Car malgré les restrictions sanitaires, et même s’il était moins nombreux que les années précédentes, le public parisien a bien répondu présent. Dès le vendredi soir, lors de la nocturne, des files d’attente se dessinaient devant les stands de nourriture. Les ateliers du samedi et dimanche et le brunch du dimanche étaient tous complets. Une vingtaine de médias ont relayé l’information. Visiteurs et exposants sont unanimes quant à leur satisfaction globale.
Pour autant, même si nous pouvons affirmer avec certitude que le Food Temple Africa a été une réussite, il n’en demeure pas moins que nous nous sommes interrogés sur la présence d’exposants sans lien avec l’Afrique. Parmi eux : un stand de vente de pommes et poires, un autre de jeu de société sur la cuisine française, ou encore une marque de Champagne français. Est-il encore si difficile en 2020 de trouver des marques africaines ou faisant la promotion de produits alimentaires africains ? Certains se sont plaints également d’un manque de stands vendant des boissons fraiches : les chefs cuisiniers ont mis tout leur coeur dans la confection des plats, mais auraient oublié les rafraîchissements ! Bien que des efforts aient été faits, la facilité a sans doute parfois repris le dessus : ce ne sont pas les marques de boissons africaines qui manquent. On peut citer entre autres les délicieux jus de Panamako, Bliss & Love, ou les « Reines et Rois d’Afrique » de Nofi Editions dans la catégorie des jeux de cartes. Concernant le Champagne, les Champagnes Dian Diallo ou Pharaon auraient sans doute ravi les papilles des visiteurs.
Malgré ces quelques leviers d’amélioration, il faut reconnaître que le Food Temple Festival a fait un bon travail de valorisation des saveurs d’Afrique, surtout lorsqu’on sait qu’à Paris, rares sont les événements sur les gastronomies africaines – à plus forte raison, organisés par des non-africains. Nous espérons d’ailleurs qu’il y aura de plus en plus d’initiatives de ce type. L’Année de l’Afrique prévue en France de décembre 2020 à juillet 2021 devrait le confirmer.